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IV – Beaucoup de scènes de combat
Une des particularités que de faire ça une valeur auprès des lecteurs de Black Belt, en plus de la participation de Bruce Lee et l’objet, est le fait qu’ils aient besoin de beaucoup de personnes pour jouer dans le film. Quand ils disent beaucoup de gens, ils ne signifient pas nécessairement une quantité importante, mais plutôt dans certaines écoles de combats. Bruce va agir comme un super directeur de casting et il va vouloir montrer les différents styles de combats dans les arts martiaux avec une absolue authenticité. Ils veulent le meilleur des hommes à la disposition pour jouer un rôle dans le film. De toute évidence, il sera filmé avec beaucoup de scènes de combat.
Une autre facette de cette entreprise est un autre effort prévu par le trio. Ils ont l’espoir de produire un film documentaire qui sera diffusé en même temps que le film avec une campagne de publicité. Ce documentaire est provisoirement prévu pour les téléspectateurs comme une sorte de construction à l’éducation pour le grand public.
Une certaine forme d’éducation du public peut être nécessaire pour le film pour qu’il soit compris. Les subtilités de l’homme à travers l’évolution des arts martiaux peuvent être perdues. Mais Coburn, Lee et Silliphant sont les hommes qui élaborent une méthode de transfert de toutes les souffrances et des efforts déterminés pour leur film héroïque. Ils espèrent être en mesure de projeter non seulement une histoire de film, mais aussi le sentiment et l’âme des arts martiaux et l’artiste. En utilisant la vue, le son et l’identification du public au héros, l’espoir est de représenter tout un point de vue différent des arts du combat, tout comme le film « Easy Rider » l’a fait pour la moto. Pour chaque artiste martial soucieux, nos espoirs sont avec eux.
Entre-temps, le trio travaille sur les détails du film et devrait être en production d’ici le début de l’année prochaine. Bruce scrute le pays pour une possible utilisation d’artistes martiaux, et sera directeur technique des scènes de combat, tandis que Stirling Silliphant révise le script. James Coburn affine la coordination du tout, et analyse la nature des personnages comme un réalisateur-producteur. Les stars du spectacle seront Coburn en tant que premier rôle et Lee le second.
Si cette production se révèle être un succès, Silliphant et Lee créeront une boîte de production où ils seront spécialisés dans les films d’arts martiaux.
Le scénario terminé, Coburn est allé en Italie tourner Il était une fois la révolution de Sergio Leone. Entre temps Bruce, avec une grande parenthèse de liberté jusqu’à l’automne, en a profité pour effectuer plusieurs voyages. Il a d’abord voyagé en Suisse pour donner des cours particuliers à Roman Polanski et lui parler du Projet Leng. |
Extrait de lettres écrites par Bruce à Linda en février 70: « Naturellement je suis allé skier aujourd’hui avec Roman, et bien que je me sois gamellé plusieurs fois, tout le monde dit que j’apprends vite. En fin de compte ce n’est pas aussi amusant que prévu, bien que ce soit une grande expérience que d’être en Europe ». (le développement de ses projets cinématographiques prenant plus de temps que prévu, Bruce Lee avait repris l’enseignement. L’un des clients les plus riches de Bruce fut incontestablement le réalisateur Roman Polanski, dont il avait fait connaissance par l’intermédiaire de son épouse Sharon Tate. Polanski lui demanda de lui donner des cours à Gstaad, en Suisse) « Plus je vois les gens qui rentrent et qui sortent du chalet de Roman et plus je t’apprécie. La soi-disant jet-set est vraiment d’un ennui total à force de rechercher tous les extrêmes. Accompagner le groupe dans ses virées en boîte m’épuise complètement ». « Le temps glacial et les nuits sans sommeil ont obtenu leur dû. J’ai attrapé la grippe et je me sens misérablement faible, tout particulièrement lorsque je donne mes deux leçons quotidiennes. Il fait trop chaud dans la maison et trop froid dehors et je suis fatigué par l’environnement. Roman me traite vraiment bien, mais sa façon de vivre n’est tout simplement pas la mienne ». « J’écrirai à Jim (James Coburn) pour lui expliquer que parce que Roman m’a fait partir si loin, j’étais bien obligé d’y séjourner un moment. J’espère qu’en compagnie de Stirling ils ont fait avancer au mieux notre histoire. En fin de compte ce voyage a été intéressant, j’ai observé une grande variété de gens rentrer et sortir de la maison. Une chose est certaine, je connais Roman un petit peu mieux, et je sens que cela aidera pour de futurs développements. Si ce n’est pas le cas, j’ai de toute façon un ami, et un élève. Il s’est vraiment amélioré dans sa pratique. Je serais de retour le mardi 3 mars, et crois-moi, Roman voulait que je reste encore ». |
Bruce est ensuite allé à Hong Kong avec Brandon…
Le fameux boxeur chinois Bruce Lee a créé la surprise aujourd’hui à Hong kong en annonçant qu’il projetait de quitter l’univers de la boxe. « Je vais créer une compagnie cinématographique avec James Coburn et Stirling Siliphant », déclare le séduisant professeur de boxe. Bruce a reçu The Star à son domicile de Nathan Road au cours de ses deux semaines de vacances à Hong Kong. « Je suis lassé par la vie de professeur de Boxe. Il est temps pour moi de démarrer des affaires par moi-même ». James Coburn et Bruce Lee vont interpréter le premier film de la compagnie que Bruce est en train de créer, et sera intitulé, The Silent Flute. Le tournage débutera prochaînement en Inde. « Nous espérons avoir Roman Polanski comme réalisateur, je lui ai parlé de ce projet en Suisse ». (article locale The Star, Hong Kong, avril 70)
…et, à son retour, Bruce a commencé à effectuer une préparation physique intensive pour son rôle dans The Silent Flute, comme il l’a écrit à son ami Jhoon Rhee le 28 mai 70: « Je m’entraîne très dur maintenant pour être au top de ma forme pour le film, en essayant de me surpasser chaque jour ». Mais Bruce fut obligé de stopper le rythme de son entraînement quand, trois jours après, au cours d’un exercice avec des haltères, il s’est blessé le bas du dos comme par le passé, en 64 après une démonstration, et en 68. Bruce effectua un voyage en République Dominicaine avec Jhoon Rhee en vue d’une démonstration TV. A son retour aux Etats-Unis, en août 70, Bruce a continué son entrainement physique pour The Silent Flute quand, quelques jours après, s’est produit un fait qui le marquerait pour le reste de sa vie: il s’endommagea de façon irréversible le nerf de la quatrième vertèbre sacrée en faisant un échauffement avec une barre de 55 kg sur ses épaules. Résultat, il dû rester au lit avec des douleurs terribles plus de trois mois.
Plusieurs mois ont passé. Linda: « Bruce a considéré qu’il ne pouvait plus supporter cette vie sédentaire. Il a repris petit à petit l’entraînement et a recommencé à enseigner. Il eut mal au dos jusqu’à la fin de sa vie, mais de part sa volonté, a décidé de faire comme si la douleur n’existait pas ».
Quand il a repris son activité normale en janvier 71, Coburn avait déjà fini son tournage en Italie, et ils étaient prêts à partir en Inde à la recherche de lieux pour son Projet Leng. (source: « Bruce Lee l’homme derrière la légende »)
Les trois hommes (Bruce, Coburn et Silliphant) sont partis de Los Angeles le 29 janvier 71 et sont arrivés à Bombay, où ils ont fait une escale pour aller à New Delhi le 1er février avec l’intention de passer 10 jours pour trouver des endroits de tournage. La situation de pauvreté du pays ne pouvait pas leur échapper. Bruce: « Je pensais que j’avais vu la pauvreté à Hong Kong lors de mon adolescence, mais la pauvreté à Hong Kong n’est rien comparée avec celle que j’ai vue en Inde. Je ne me suis jamais rendu compte que nous vivions bien jusqu’à ce que je sois là. Les mouches sont partout, la faim est courante. Les gens et les enfants supplient pour de la nourriture, quelques uns étendus le long de routes poussiéreuses, mourant par manque de nourriture. Cela pue et il y a des ordures partout. On a de la pitié pour eux, spécialement pour les enfants, mais on ne peut pas les aider. Si on leur donne à manger ou de l’argent, on créera une ruée d’individus. C’est réellement douloureux ».Puisque l’Inde était le berceau de quelques arts martiaux, Bruce était très intéressé de voir le potentiel des éventuelles inscriptions pour le film. Un jour, un groupe de pratiquants indiens s’est approché et il leur a demandé de lui montrer ce qu’ils savaient faire. Coburn: « Alors, brusquement, c’est devenu un véritable chaos. Il y avait neuf types qui ont commencé à se battre comme des fous. En quelques minutes un garçon saignait de la bouche. Bruce a levé les mains et s’est écrié: Non! non! arrêtez une minute! regardez ce que je veux. Sans aucun échauffement, Bruce leur a donné une petite démonstration. Ils étaient absolument effrayés. Ils n’avaient aucune conception de ce type de combat. Même moi qui le connaissais pourtant bien, je n’en revenais pas ». Quand Bruce a arrêté sa démonstration, ils sont tous tombés à genoux en le suppliant de devenir leur maître.
Bruce, découragé, a exprimé sa frustration à ses compagnons: « Il me faudrait au moins trois ans pour arriver à entraîner chacun de ces garçons jusqu’à un niveau correct ». |
Au fil du temps, voyager en voiture sur des routes presque infranchissables, la douleur constante dans le dos, la chaleur, la fatigue… les nerfs n’ont pas tardé à lacher. La relation entre Bruce et Coburn est devenue chaque fois plus tendue et la situation a atteint son paroxisme quand dans les différents hôtels où ils logeaient, Bruce voyait comment Coburn recevait un traitement de star tandis qu’ils étaient considérés comme de simples clients. Une fois dans l’hôtel Taj Mahal de Bombay, Bruce qui n’en pouvait plus, est allé se plaindre à Silliphant en lui disant que tous deux méritaient le même traitement que Coburn. Silliphant considérait Bruce avec respect, mais il l’a aidé à voir d’une autre façon. Silliphant: « Je lui ai dit qu’il ne pourrait pas parce qu’il était un chinois dans un monde dirigé par des blancs ». Mais j’étais dans l’erreur, et ô combien ». |
Lettre écrite par Bruce Lee à sa femme, en 71: « Linda, au moment où je t’écris, nous sommes dans une voiture avec Stirling Siliphant et Jim, traversant la campagne indienne. Nous allons rester assis pendant 16 heures à Caro, ajouté aux longues heures où je suis resté assis dans l’avion, ça fait vraiment dur pour mon dos. Cependant, la douleur est moins forte pendant la nuit. En tous cas, c’est une sacrée expérience pour moi. J’espère que tu pourras te joindre à moi au cours du tournage, ça s’annonce vraiment comme une trés belle chose. J’espère que ma mère aura cessé de travailler, et qu’elle aura la possibilité de rester avec les enfants; l’Inde n’est décidément pas un endroit sain pour les enfants. Cela signifie que tu devras passer par Londres. J’espère m’arranger pour que tu puisses avoir un chauffeur si tu restes un jour ou deux pour y faire du shopping ou quoi que ce soit d’autre. Nous voici en bordure du désert (cela fait maintenant quatre heures que nous roulons) et la température augmente de plus en plus. Naturellement la nuit sera glaciale. Dans la dernière ville où nous sommes passés, nous avons séjourné dans un palais transformé en hôtel et nous avons des suites royales. La propriété s’étendait sur trois hectares, je t’en raconterai plus à mon retour. Bien je m’arrête ici car écrire dans la voiture commence à me donner la nausée. Crois-moi, la route est terrible! et la conduite est un cauchemar, attends d’en faire l’expérience ».(ce que Bruce ne dit pas dans cette lettre, c’est qu’il ne digéra pas la différence de traitement entre Coburn et lui. A Los Angeles, Bruce et Jim entretenaient, depuis deux ans et demi, des rapports égalitaires et cordiaux basés sur une reconnaissance mutuelle de leurs talents respectifs. Lors de ce voyage en Inde, leur relation fut affectée par l’attitude des tiers à leur égard. Les officiels du cinéma indien, tout comme les hôteliers, traitaient Coburn comme une grande star internationale, ce qu’il était, et Lee comme un parfait inconnu, ce qui correspondait également à une réalité. Bruce vécut très difficilement la chose, et ce différent fut sans doute à l’origine de l’arrêt de la production de La Flûte Silencieuse. Pour Bruce, qui attendait désespérément de percer, ce fut un crève-coeur)Mais les jours passent et les problèmes se multiplient, surtout entre Bruce et James; ils n’ont pas du tout la même façon de voir les choses. Bruce veut rajouter des scènes d’action, plus que n’en voulait son illustre ami; il veut aussi que le héros (Coburn) meure à la fin du film. Or James refuse catégoriquement: pour lui, un héros ne meurt jamais. Ils ne sont pas plus d’accord sur les lieux de tournage… tout les divise ou peu s’en faut. (source: Bruce Lee 1940-1973) Après dix jours épuisants de pénuries à travers Bombay, New Delhi, Jaipur, Madras, Rajasthan, Goa et de retour à Bombay, Coburn décida qu’il en avait assez et qu’il était temps de retourner aux Etats Unis, et le 11 février 71 ils ont entrepris le voyage de retour. |
Après le voyage, Bruce et Stirling Siliphant pensent que le projet peut encore voir le jour. Mais James fait tout capoter. Bruce: « Il a bousillé le projet alors que j’avais mis tous mes espoirs dans ce film. C’était la chance de ma vie. Si j’avais su, je ne l’aurais évidemment pas choisi comme associé ». De retour d’Inde, l’humeur de Bruce est pour le moins variable… il faut dire que les producteurs un jour acceptent son projet, puis le refusent le lendemain. Devant ces interminables atermoiements, Bruce décide de mettre le film de côté. (source: Bruce Lee 1940-1973) |
Bruce a raconté à son ami Uyehara: « Coburn a merdé. Il ne voulait pas retourner en Inde, donc il a raconté à la Warner que là-bas il n’y avait aucun lieu intéressant, à cause de cela, le projet s’est trouvé bloqué. C’était l’occasion de ma vie ». A leur retour, Silliphant et Bruce étaient disposés à continuer, mais compte-tenu des mauvais rapports avec Coburn et de son retrait, la Warner a décidé d’abandonner définitivement le projet. Avec le refus de McQueen et le retrait de Coburn, Bruce pensait avoir touché le fond et il s’est juré qu’il n’oublierait jamais cela. La situation de Bruce était maintenant critique et l’argent était plus nécessaire que jamais. Il était revenu seulement pour se trouver dans une situation encore pire que la précédente, bien que, comme il l’a écrit à son ami Leo Fong: « L’adversité t’amène à te dépasser,comme un orage très violent, mais après lequel tout repousse. Il y a plusieurs possibilités d’évolution dont je te parlerai le moment venu ». (source: Bruce Lee l’homme derrière la légende)
Extrait d’une lettre écrite par Bruce à Leo Fong: « La Flûte Silencieuse progresse vraiment bien. Nous rencontrons quelques problèmes avec les extérieurs, mais on devrait connaître très bientôt la date du démarrage officiel. Le voyage en Inde m’a lessivé ».
Faisant face pour la énième fois à l’adversité, Bruce à son retour d’Inde s’était mis à réfléchir à des solutions et il était entré en contact avec le producteur Fred Weintraub, alors chef de la division films de Warner. Bruce était venu le voir avec l’idée de développer une série sur les arts martiaux dans le style western. Le projet s’appelait The Warrior. Pendant qu’on étudiait la faisabilité de The Warrior, Bruce avait toujours besoin de trouver rapidement de l’argent. Heureusement pour lui, une fois de plus Stirling Silliphant a croisé à nouveau son chemin pour l’embarquer dans la série télé Longstreet (produite par Paramount).
Extrait d’une lettre écrite par Bruce à Jhoon Goo Rhee: « Depuis mon voyage en Inde, mon dos va couci-couça. La Flûte Silencieuse est toujours à l’étude chez Warner Brothers. Nous attendons la prochaine étape, c’est-à-dire l’approbation du nouveau budget qui devrait intervenir dans une dizaine de jours, ce qui entraînerait un nouveau voyage et ainsi de suite. A part La Flûte Silencieuse, je vais apparaître en guest star dans une nouvelle série TV intitulée Longstreet. J’ai crée une idée de série TV (The Warrior), et je devrais connaître les premiers échos d’ici deux semaines. Dans le même temps, je travaille sur une autre idée pour un film que je dois faire à Hong kong (un film chinois) ».
Extrait d’une lettre à Larry Hartsell en juin 71: « Rien ne s’est développé autour de La Flûte Silencieuse, c’est une question de temps ».
(The Warrior fut un concept de télévision que Bruce Lee aida à développer. Malheureusement le producteur de la série le trouva « trop chinois » pour un public occidental. The Warrior de Bruce Lee était un projet bien distinct. Avant d’être un concept pour le pilote d’une série TV, Kung Fu fut un scénario conçu pour un film de cinéma d’une durée de plus de deux heures. L’auteur Ed Spielman, était un scénariste de sitcom passionné par le Kung Fu. Le scénario a été terminé début 70., mais ne se tourne pas et tombe aux oubliettes. Un an plus tard, un employé de la Warner le redécouvre. Le réalisateur Jerry Thorpe en collaboration avec Ed Spielman retravaille le scénario original pour le réduire au format d’un téléfilm pilote de 90 minutes intitulé Kung Fu, The Way of the Tiger, The Sign of the Dragon. Ce pilote fut réalisé en 71 et diffusé en février 72. Bruce Lee dans le même temps avait eu une idée similaire qu’il appela The Warrior, mais contrairement à Spielman, il ne déposa, ni n’écrivit jamais rien. Il tenta donc, d’obtenir le rôle dans la série créée par Spielman. Mais la candidature spontanée de Bruce ne fut jamais prise en considération. Tom Kuhn (en 74): « Nous ne pensions pas que Bruce puisse être une star hebdomadaire de la télévision »)
Extrait d’une lettre écrite par Bruce à Leo Fong en juillet 71: « Je viens de terminer le tournage de Longstreet. J’y ai fait de l’excellent travail. Je pars pour Hong Kong dimanche matin pour faire deux films, The Big Boss et King of Chinese Boxer (Fist of Fury). Lorsque je reviendrai, je serai sans doute occupé par le tournage de La Flûte Silencieuse, un film cinéma (avec Fred Weintraub) ».
Juste après avoir battu les records au box-office hong kongais, Bruce a voulu téléphoner à Steve McQueen depuis Hong Kong pour se venger et lui annoncer la bonne nouvelle du succés de The Big Boss et lui dire que maintenant il était une grande star. Comme le raconte Pat Johnson, ami et entraîneur personnel de McQueen, Steve ne se trouvait pas chez lui, aussi Bruce lui a laissé le message sur le répondeur. McQueen a décidé de lui faire une blague en lui envoyant une photo de lui avec la dédicace: A Bruce Lee, mon plus grand fan. Steve McQueen. Quand Bruce l’a reçue, il s’est mis en colère et il a appelé de nouveau McQueen pour lui dire qu’il était maintenant une grande star comme lui, qu’il n’était pas son fan et de ne plus jamais l’appeler son fan. Puis il a raccroché. Selon Johnson, McQueen se roulait par terre, mort de rire. (source: Bruce Lee l’homme derrière la légende)Bruce Lee propose de nouveau à son élève le réalisateur Roman Polanski la réalisation de son film en projet, auquel il pense donner corps dans les deux ou trois ans à venir. Bruce n’imagine pas de confier la réalisation à qui que ce soit d’autre. (source: Bruce Lee 1940-1973) |
Lettre écrite par Bruce à Roman Polanski en janvier 1972:
« Cher Roman, J’aurais dû écrire plus tôt, mais les choses vont si vite pour moi. Tu trouveras quelques extraits de presse pour que tu vois comment les choses vont pour moi, ici, en Orient. Je retournerai aux States à la fin de cette année pour parler affaire avec la Warner Brothers. Roman, je t’écris ceci en ami, et tu sais combien je m’implique dans les arts martiaux. « Si » les choses marchent pour moi avec la Warner, serais-tu intéressé de faire pour moi un film d’action et d’arts martiaux chargé de sens? Ce que tu connais des arts martiaux et de moi, ajouté au fait que tu sois un excellent réalisateur (tu as beaucoup d’admirateurs ici en Orient), m’a poussé à t’écrire. Cependant, si tu ne peux pas, ne te formalise pas. Prends soin de toi mon ami ».
(lorsqu’il reçut cette lettre, deux ans après leur séjour en Suisse, Polanski venait de tourner en Grande-Bretagne Macbeth, son film le plus noir et le plus violent. Bien qu’ayant, à la manière d’un Kubrick, proposé une lecture personnelle de plusieurs grands genres cinématographiques tels que le fantastique, le film noir, de pirates ou le drame romantique en costumes, Roman Polanski ne fut jamais attiré par les films d’arts martiaux. « Bruce, ce qu’il voulait faire, ce n’était pas bâtir une histoire, mais faire une exhibition de lui-même ». Pour motiver son travail sur un genre, Polanski a besoin d’une antériorité historique du genre afin de travailler sur sa propre mémoire de spectateur. Dans la dernière phrase de cette lettre, il est bien indiqué que Bruce avait parfaitement conscience que sa démarche n’avait guère de chance d’aboutir à convaincre Roman de faire un film de Kung Fu. (source: Correspondre avec Bruce Lee- Christophe Champclaux)
Silliphant est arrivé à l’aéroport de Kai Tak le 10 avril 72 pour tenter d’inciter Bruce à reprendre là où ils avaient laissé un an plus tôt le projet de film The Silent Flute. Arrivé à Kai Tak avec son nouveau partenaire Raymond Chow et les co-stars de la Golden Harvest Nora Miao et Maria Yi, Bruce a été accueilli par les photographes de la presse locale. Silliphant espère relancer le projet car il a de nouveaux producteurs. Cette fois, c’est Bruce qui dit non.Linda (dans sa biographie): «Je pense que Stirling et Jim, ont été quelque peu choqués par la décision de Bruce, et même estimés qu’il était sous pression, après tout, c’était Bruce qui avait commencé le projet dans son ensemble, mais à ce moment-là, il y avait beaucoup d’autres demandes sur Bruce. Tout le monde le voulait et le rôle lui-même aurait été un pas en arrière pour lui. Il n’a jamais été ressenti pour autant que Bruce était en cause, mais la situation avait changé et il pensait que Jim et Stirling, étant deux professionnels expérimentés eux-mêmes, auraient été les premiers à reconnaître que leur propre décision aurait été semblable si ils avaient été placés dans la situation de Bruce « .
Le reporter Florence Chong (dans son journal): « Bruce va probablement jouer avec James Coburn dans The Silent Flute, une production américaine créée par le scénariste Stirling Silliphant. Ce sera un des premiers films d’arts martiaux orientaux réalisé par une société américaine. Monsieur Silliphant a rencontré Bruce à Hong Kong récemment pour discuter du film. Il espère obtenir de la société de production Sagittaire qui a produit le film Melody de financer le film. Le tournage du film est provisoirement prévue pour septembre de cette année « . Bruce Lee était heureux, et pourquoi ne le devrait-il pas? Silliphant a compris la manière dont Bruce a travaillé et la fusion du trio aurait fait une impressionnante combinaison dans la production de The Silent Flute. Silliphant a commenté plusieurs années plus tard: «Il était toujours conscient de son corps et de son art, et il a vécu pour». Au cours de sa visite à Hong Kong Silliphant a examiné la possibilité et l’option de distribution des films de Bruce aux Etats-Unis et a promis de se pencher sur une nouvelle société du nom de Cannon distribution à la demande de Raymond Chow. Bruce comme il s’est avéré n’était pas tellement emballé. Il a estimé que les films étaient trop en lien avec la culture chinoise, et avec une grande possibilité que tous les sens soient perdus dans la traduction. (source : Bruce Lee Legends of the Dragon Volume 1 by Steve Kerridge) |
Extrait d’une lettre écrite par Stirling Silliphant à Bruce Lee le 20 avril 72: « Cher Bruce, je ne peux pas commencer sans te dire combien il est réconfortant de voir ton succès phénoménal. J’espère sincèrement que je serai en mesure de retourner à Hong Kong plus tard cette année et que nous pourrons mettre La Flûte Silencieuse devant les caméras. Crois-moi, je vais y travailler. Je tiens à te remercier et Raymond pour le super accueil. Le dîner était la meilleure cuisine chinoise que j’ai jamais mangé. En ce qui concerne Cannon Distributing Co, ils sont une petite compagnie, nouvelle et apparemment très efficace. Il y a deux ans, ils ont distribué un film appelé Joe et apparemment ont bien travaillé avec. En dépit de cela, je te suggère de ne pas traiter avec eux jusqu’à ce que tu ais l’occasion de comparer leurs performances avec d’autres petites boîtes de distribution similaires qui se forment aux Etats-Unis. C’est quelque chose qui vaut la peine d’enquêter en personne et je suggère que Raymond Chow s’envole pour ici et de rencontrer les différents distributeurs en personne avant de prendre toute décision définitive. Je vais, bien sûr, être heureux de l’aider de toutes les façons que je peux ». (source: Bruce Lee Legends of the dragon volume 1)
Ted Wong: « La maison de Bruce à Bel Air avait de nombreux bambous dans le jardin ». Bruce: « Peux-tu l’imaginer? tous ces cow-boys à cheval et armés, et moi avec un bâton de bambou vert. Dans les westerns on utilise seulement des armes. Ici nous utilisons tout. C’est l’expression du corps humain ». C’était des mots de Bruce en référence à son idée pour la série The Warrior, dans Le Jeu de la Mort (Game of Death), Bruce utilise un bambou vert pour faire face à Dan Inosanto, La Flûte Silencieuse qui s’entend seulement avec l’âme était en bambou, dans son scénario Coup de poing du Sud/Jambe du Nord (Southern Fist/Northern Leg), le bambou allait être très présent, ainsi qu’un autre scénario terminé aurait pour titre Le Conquérant de la Montagne d’Or avec un Bambou. Ce dernier serait presque un acteur avec Bruce et ce n’est pas étonnant qu’il devienne non seulement une allégorie cinématographique , mais un de ses principes de vie. (source: Bruce Lee l’homme derrière la légende de Marcos Ocana)
Depuis quelques années, Fred Weintraub, vice-président créateur de la Warner, avait essayé de mener à bien certains projets avec Bruce, dont le dernier avait été The Warrior, finalement renomé Kung Fu, qui avait eu du succés aux Etats-Unis. Bruce, lui, était devenu le roi du cinéma asiatique et n’avait vraiment plus besoin de prendre part aux projets américains, bien que cela lui soit toujours resté en travers que l’on ne prenne pas son projet en compte et qu’on ne lui donne aucune opportunité. La Flûte Silencieuse était aussi tombée à l’eau et Bruce avait reconverti l’idée dans de futurs scénarios, comme Le Conquérant de la Montagne d’Or avec un Bambou, Coup de poing du Sud/Jambe du Nord y compris indirectement Le Jeu de le Mort. (source: Bruce Lee l’homme derrière la légende)
Durant le mois de janvier 73, James Coburn et Stirling Siliphant se rendent à Hong Kong pour reparler de La Flûte Silencieuse avec Bruce. Bruce: « Ils ont essayé de me persuader de travailler avec eux sur le projet du film, mais je leur ai dit que j’étais trop occupé. Je ne suis plus intéressé. J’ai déjà trois films à succés derrière moi, j’ai ma propre maison de production (Concord Films) et je peux avoir un million de dollars dans n’importe qu’elle banque de Hong Kong ». Les choses ont changées; maintenant Bruce est en position de force pour tout négocier; c’est une star qu’on courtise. Bruce n’a plus besoin d’eux pour faire son film. Et il n’envisage certainement plus d’être la deuxième tête d’affiche (après Coburn). Bruce en fait en veut toujours à son ancien ami de lui avoir saboter le projet deux ans plus tôt. Mais il n’a pas abandonné pour autant l’espoir de réaliser ce film; il en a parlé à Stirling Siliphant en qui il a toute confiance… mais il n’est plus question de James Coburn. (source: Bruce Lee 1940-1973)
La Fox, s’apercevant que Bruce avait un grand avenir, a décidé de se mobiliser pour le mettre dans un projet. Stirling Silliphant avait signé un contrat avec eux qui incluait, entre autres, le scénario de The Silent Flute et ils en ont profité pour envoyer en avril à Hong Kong James Coburn avec l’intention de mettre en avant le projet. Toute son arrogance passée lui a été renvoyée quand celui-ci lui a proposé de réaliser le film et que Bruce l’a rejeté. Il ne se considérait le second couteau de personne et dans une lettre à Coburn, il a écrit: « J’ai parlé avec Stirling et je lui ai dit qu’à aucun d’eux, je ne confierai notre Flûte Silencieuse ». Dans cette conversation avec Silliphant, il lui avait dit que maintenant il valait un million de dollars et que, si un jour ce projet s’effectuait, Coburn devrait se contenter du second rôle. (source: Bruce Lee l’homme derrière la légende)
Stirling Silliphant: « Longstreet a été la dernière chose faite par Bruce aux Etats-Unis en termes de films, avant de partir pour Hong Kong et en faire d’autres. Je l’ai alors perdu de vue, et je l’ai aperçu la dernière année à Hong Kong pendant que je faisais des recherches pour un autre film ». (source: Bruce Lee l’homme derrière la légende de Marcos Ocana)
James Coburn: « La dernière fois que je l’ai vu (Bruce), juste avant sa mort, il commencait à peine à s’habituer à la gloire, ce qui n’est pas une chose facile. Cela vous amène à faire beaucoup de choses qu’ensuite vous aimeriez bien n’avoir pas faites ». Malgré ce problème d’ego, Bruce conservait encore toute son affection à James. (source: Correspondre avec Bruce Lee- Christophe Champclaux) |
Lettre écrite par Bruce à Coburn en juin 1973: « Jim, Je t’ai raté lorsque j’étais à Los Angeles, mais je t’ai laissé chez toi cet habit de « super duper ». J’espère que tu l’aimes. Tout est cool ici. J’ai parlé à Stirling et je lui ai dit qu’entre toi et lui, je déposerai notre Flûte Silencieuse entre tes mains. Toutes mes meilleures pensées, et reste cool ». (cette lettre à James Coburn prouve que les tensions provoquées par La Flûte Silencieuse étaient appaisées entre Jim et Bruce) |